Conception, mise en scène, direction musicale et travail vocal
Marcus Borja
En français, portugais, espagnol, italien, anglais, russe, ukrainien, norvégien, allemand, flamand, quechua, mandarin, hindi, tamoul, indonésien, batak, filipino, japonais, hébreu, arabe, persan, grec, tchèque, sanscrit, fongbé, yoruba…
Avec 55 comédiens-performers :
Isabelle
Andrzejewski, Jérôme Aubert, Roch Amedet Banzouzi, Fernanda Barth,
Constanza Becker, Aurélien Beker, Sonia Belskaya, Marcus Borja, Lucie
Brandsma, Alexandra Cohen, Antoine Cordier, Etienne Cottereau, Mahshid
Dastgheib, Alice Delagrave, Rony Efrat, Rachelle Flores, Michele
Frontil, François Gardeil, Lucas Gonzalez, Louise Guillaume, Lola
Gutierrez, Jean Hostache, Hypo, Magdalena Ioannidi, Matilda Kime,
Francis Lavainne, Feng Liu, Hounhouénou Joël Lokossou, Ada Luana, Esther
Marty Kouyaté, Jean-Max Mayer, Pamela Meneses, Romane Meutelet, Makeda
Monnet, Rolando Octavio, Cordis Paldano, Clément Peltier, Ruchi Ranjan,
Juliette Riedler, Charles Segard-Noirclère, Mateus Schimith, Romaric
Séguin, Aurore Soudieux, Ye Tian, Kiyomi Tisseyre, Isabelle Toros,
Raluca Vallois, Gabriel Washer, Sophie Zafari, Mira Zaki Bjørnskau, Ana
Maria Zavadinack, Yuriy Zavalnyouk.
« Un enfant dans le noir,
saisi par la peur, se rassure en chantonnant. Il marche, s’arrête au
gré de sa chanson. Perdu, il s’abrite comme il peut, ou s’oriente tant
bien que mal avec sa petite chanson. Celle-ci est comme l’esquisse d’un
centre stable et calme, stabilisant et calmant, au sein du chaos. Il se
peut que l’enfant saute en même temps qu’il chante, il accélère ou
ralentit son allure ; mais c’est déjà la chanson qui est elle-même un
saut : elle saute du chaos à un début d’ordre dans le chaos, elle risque
aussi de se disloquer à chaque instant. Il y a toujours une sonorité
dans le fil d’Arianne. Ou bien le chant d’Orphée. »
Gilles Deleuze et Félix Guattari Mille plateaux
Théâtre est une fresque polyphonique et polyglotte à 55 voix, une traversée chorale du temps et de l’espace mêlant le chant et la parole, la partition et l’improvisation, un voyage de sons et de sens, un présent partagé et morcelé d’où jaillissent des fragments, des étincelles, des univers, des paysages croisés, emboités, superposés les uns aux autres… Le public – vers qui tout converge et se dissout – est au centre du dispositif, plongé entièrement dans la matière sonore brassée et transformée dans une obscurité polychrome et plurielle. Le silence se fait matière et l’écoute devient moteur du jeu. Le décor, les costumes et l’éclairage sont les voix résonnant dans les corps et se propageant dans l’espace qui s’ouvre et se diffracte en d’autres espaces…
Poétiques de la voix et espaces sonores
La
recherche que je poursuis dans le cadre du doctorat SACRe au CNSAD – et
dont Théâtre est la première restitution scénique – a pour but
d’interroger et faire agir, de manière consciente et organique dans le
travail du plateau, la similarité et la complémentarité des modes de
perception du temps dans la musique et dans le théâtre. Proposer, mettre
au point et développer un langage commun au travail de l’acteur, du
musicien, du performer et du metteur en scène est une boîte à outils
plus large pour le travail théâtral bien au-delà d’un besoin ponctuel,
plus ou moins périphérique, de mettre en place un « morceau » ou un
moment de musique au sens restreint dans un spectacle de théâtre.
L’écoute
est le point zéro, le pilier qui soutient l’ensemble du travail. Elle
est perçue ici non pas (ou pas uniquement) comme l’accomplissement ou le
résultat d’un mouvement de l’extérieur vers l’intérieur, un « se
laisser traverser par », mais aussi – par opposition, et donc, dans une
tension féconde et permanente – comme un mouvement de l’intérieur vers
l’extérieur, une traversée active de l’espace et de l’autre. C’est
précisément la tension créée entre ces deux mouvements qui génère un
état de pleine présence, une potentialité créative de/dans l’instant
présent partagé et concret qui, même en l’absence de sons « audibles »
rend même le silence palpable.
La voix est au centre de cette
recherche. Toute la gamme de possibilités sonores et expressives que
peut produire notre appareil phonateur – qui se multiplient encore à
l’infini quant on combine les sons produits par plusieurs personnes
vocalisant ensemble – est une porte grande ouverte à la création : c’est
de la matière poétique concrète, malléable, élastique, pétrissable,
modulable, transformable. Que ce soit la voix parlée ou chantée, la
déclamation ou l’improvisation, le cri, le rire, le chant lyrique,
traditionnel, populaire ou expérimental, sa relation et l’engagement
qu’elle entraîne avec le corps en mouvement : tout ceci constitue à la
fois l’outillage et la matière de notre acte artistique.
Marcus Borja
SACRe
(Sciences, Arts, Création, Recherche) est une formation doctorale
dédiée aux créateurs. Plasticiens, musiciens, cinéastes, metteurs en
scène, acteurs, designers, mais également chercheurs en sciences
exactes, et en sciences humaines et sociales, sont amenés à développer
une réflexion à la fois artistique et théorique, impliquant une approche
innovante dans leur méthode, la construction de leur objet et la
présentation de leurs résultats. Tout en respectant les critères
académiques, SACRe a pour vocation d’inventer un nouveau type de
doctorat, mettant la création au centre de la thèse. Inauguré en 2012,
ce programme doctoral accueille à ce jour trente-deux doctorants. Chacun
d’entre eux bénéficient de moyens financiers, matériels et humains. À
échéance de trois ans, ils soutiennent leurs thèses en public, devant un
public constitué de membres habilités et de personnalités issues du
monde de l’art. Le format des soutenances varie selon les disciplines,
et pourra inclure des performances, expositions, concerts et
projections.
Formation doctorale de Paris Sciences & Lettres –
Research University, SACRe résulte de la coopération de six de ses
établissements membres : le Conservatoire national supérieur d’Art
dramatique, le Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse
de Paris, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, l’École
nationale supérieure des Beaux-arts, l’École normale supérieure et
l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son (La
Fémis).
Marcus Borja est acteur, metteur en scène, dramaturge, musicien et chef de choeur. Il a intégré la formation doctorale SACRe en 2014 au CNSAD. Son projet de recherche s’intitule « Poétiques de la voix et espaces sonores : la musicalité et la choralité comme bases pour le travail théâtral » (sous la direction de Jean-François Dusigne (Paris 8) et des encadrants artistes Sylvie Deguy (CNSAD) et Luis Naon (CNSMDP). Diplômé de lettres modernes à l’Université de Brasilia, il s’est formé en France à l’École Jacques Lecoq et à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Paris (ESAD) ainsi qu’à l’École du Louvre. Auparavant, il a également suivi des études théâtrales à Paris 3 en co-tutelle avec l’Université de São Paulo. Il organise en novembre 2015 un colloque international mêlant recherche et pratique intitulé Pratiques de la voix sur scène : de l’apprentissage à la performance vocale, soutenu par le LABEX Arts-H2H et la Maison des Sciences de l’Homme et en partenariat avec le CNSAD, l’Université Paris 8, l’Université de Picardie et deux universités brésiliennes. Il a publié plusieurs articles et essais dont le dernier, « L’Écoute active et le silence parlant : la musicalité à la base de la direction d’acteurs », issu de son travail au sein de SACRe, paraîtra dans les prochains mois dans un ouvrage collectif chez Les Solitaires Intempestifs.
Thème | M. Borja, doctorant SACRe promotion 2014 |
Mise en scène | Marcus Borja |
Date | 07/04/2015 |
Horaires | mardi 7 avril 2015, 15h mardi 7 avril 2015, 20h mercredi 8 avril 2015, 15h mercredi 8 avril 2015, 20h |
Lieu | Salle Jouvet |
Réservation | uniquement par téléphone au 01 53 24 90 16 |